Créations

Super Flumina Babylonis – Rémi Studer (création)
Pour six solistes et chœur a cappella

Note d’intention
Le texte des quatre premiers versets du psaume 137 apparaît dans cette partition de deux manières différentes qui se croisent, comme un canon en miroir. A l’arrière-plan, six solistes chantent le texte de manière linéaire mais tellement étiré dans le temps qu’on en perd le sens. Ils décomposent les phrases et les mots, d’abord en phonèmes puis en simples voyelles. Une recherche portant sur l’analyse formantique des voyelles s’opère afin de laisser surgir, ça et là, des résultantes harmoniques qui colorent la texture d’accompagnement quasi-instrumentale que proposent les six solistes. Au premier plan, le chœur chante le même texte en partant de la fin, dans une écriture plus classique qui permet plus aisément l’intelligibilité.
En inversant l’ordre des versets dans la partie de chœur, Studer a voulu poser d’emblée la question du verset n°4 : Quomodo cantabimus Canticum Domini in Terra aliena ?, soit « Comment chanterions-nous les cantiques du Seigneur sur une terre étrangère ? ». En allant de cette question vers l’incipit Super Flumina Babylonis, le chœur trouve une forme de consolation en repensant à Sion, terre promise idéalisée par le souvenir.
Ce dialogue entre les deux versions du texte interroge notre mémoire. Il se présente à la manière d’un parchemin où le texte du chœur, qui porte la trame est inscrit lisiblement, tandis que celui des solistes n’apparaît que par bribes, sous la forme d’un palimpseste immémorial.

Note d’exécution
La pièce a été écrite pour un effectif de 24 chanteurs. Le chœur mixte est composé comme suit : 6 sopranos, 5 altos, 4 ténors et 3 basses.
Il est accompagné par les 6 solistes vocaux suivants : 1 alto, 2 ténors et 3 basses.
Le traitement vocal de la partie de chœur est assez habituel et sa notation est donc tout à fait classique.
Par contre, chacun des 6 solistes a deux portées à lire pour chanter sa partie. Une grande portée, notée de manière habituelle, et la portée supérieure, plus petite, qui indique des résultantes harmoniques à rechercher dans le placement de certaines voyelles et donne des indications de hauteur pour certaines consonnes non-voisées. Le jeu sur les résultantes des voyelles, largement inspiré de certaines techniques de chant diphonique, est allez délicat et peut sembler déroutant de prime abord. Il s’obtiendra plus facilement avec un placement vocal non-lyrique en chantant en voix de poitrine dans les registres qui le permettent.

Rémi Studer – Biographie
Musicien aux multiples facettes, Rémi Studer s’est d’abord formé en autodidacte puis au Conservatoire de Strasbourg. Compositeur, multi-instrumentiste, chanteur et chef d’orchestre, il aime laisser ses différentes activités musicales se nourrir mutuellement dans le cadre d’une recherche portant sur les relations entre le son, le geste et le sens.
En tant que chef d’orchestre, il est l’invité de diverses phalanges symphoniques en France et à l’étranger. En plus du répertoire symphonique classique, il affectionne particulièrement les formes mêlant l’orchestre et la voix. On a ainsi pu le voir diriger un bon nombre d’oratorios et des Lieder accompagnés.
Lauréat, en tant que compositeur, de plusieurs concours internationaux, Rémi Studer est un artiste polyvalent qui met régulièrement sa créativité au service de projets ambitieux et originaux comme par exemple Ut queant laxis, ambulation déconcertante, concert d’une durée de dix heures qu’il imagine, co-écrit et dirige dans le cadre du festival « Nuit de Lumière ».
Création de sa pièce pour chœur et 6 solistes Super Flumina Babylonis en décembre 2017.