PostHeaderIcon Johannes Brahms (1833 - 1897)

Brahms - Rückert - C.D.Friedrich : le romantisme allemand

Les Fünf Gesänge opus 104" ont été au programme du Madrigal de Lille au cours des saisons 2001-2002, 2002-2003 et 2003-2004

"Fünf Gesänge" opus 104

Voici les textes des "Fünf Gesänge" opus 104 de Brahms, et leur traduction, illustrés par des tableaux de Caspar David Friedrich, "le" peintre romantique allemand.

NACHTWACHE I (Friedrich Rückert)

Leise Töne der Brust, geweckt vom Odem der Liebe,
Hauchet zitternd hinaus ;
Ob sich euch öffen ein Ohr,
öffn'n ein liebendes Herz,
Und wenn sich keines euch öffnet,
Trag ein Nachtwind euch seufzend in meines zurück.

VEILLEE I

Sons légers, éveillés par le souffle de l'amour,
Sortez de ma poitrine en tremblant ;
Est-ce qu'une oreille va s'ouvrir à vous ?
S'ouvrir un cœur aimant ?
Et si ne s'ouvrent ni oreille ni cœur,
Que le vent de la nuit les rapportent en mon cœur.


C.D. Friedrich

NACHTWACHE II (Friedrich Rückert)

Ruhn sie ? rufet das Horn des Wächters
drüben aus Westen ?
Und aus osten das Horn rufet entgegen : sie ruhn !
Hörst du, zagendes Herz,
die flüsternden Stimmen der Engel ?
Lösche die Lampe getrost,
Hülle in frieden dich ein.

Veillée II

Dorment-ils ? demande le cor du veilleur, là-bas à l'ouest,
Et de l'est un cor lui répond : ils dorment !
Entends-tu, mon cœur craintif, les voix des anges ?
Eteins la lampe sans crainte,
Laisse la paix te couvrir de son voile.

C.D. Friedrich

Letztes Glück (Max Kalbeck)

Leblos gleitet Blatt um Blatt still und traurig von den Baümen,
Seines Hoffens nimmer satt, lebt das Herz in Frühlingsträumen.
Noch verweilt ein Sonnenblick bei den späten Hagerosen
Wie bei einem letzten Glück, einem süßen, hoffnungslosen.

Ultime bonheur

Sans vie, l'une après l'autre, silencieuses et mornes,
les feuilles glissent des arbres.
Jamais las d'espérer, le cœur vit dans son rêve de printemps.
Il demeure un rayon de soleil au dernier buisson d'églantines,
Comme un dernier bonheur, un bonheur doux et sans espoir.

C.D. Friedrich

VERLORENE JUGEND (nach dem Böhmischen von Josef Wenzig)

Brausten alle Berge, sauste rings der Wald,
Meine jungen Tage, wo sind sie so bald ?
Jugend, teure Jugend, flohest mir dahin;
O du holde Jugend, achtlos war mein Sinn!
Ich verlor dich leider,
Wie wenn einen Stein jemand von sich schleudert in die Flut hinein.
Wendet sich der Stein auch um in tiefer Flut,
Weiß ich, daß die Jugend doch kein Gleiches tut.

Jeunesse perdue (Josef Wenzig, d'après un poème de Bohême)

Elles mugissaient, les montagnes, tout autour la forêt bruissait,
Mes jeunes années, où sont-elles donc ?
Jeunesse, chère jeunesse, tu m'as quitté,
O, charmante jeunesse, comme j'étais insouciant !
Hélas, je t'ai perdue, comme une pierre que quelqu'un aurait jetée au fleuve !
Si la pierre se retourne même au plus profond de l'eau,
Je sais qu'il n'en est pas ainsi de la jeunesse.

IM HERBST (Klaus Groth)

Ernst ist der Herbst
Und wenn die Blätter fallen,
Sinkt auch das herz zu trübem Weh herab.
Still ist die Flur
Und nach dem Süden wallen die Sänger stumm, wie nach dem Grab.

Bleich ist der Tag,
Und blasse Nebel schleiern
Die Sonne wie die Herzen ein.
Früh kommt die Nacht,
Denn alle Kräfte feiern,
Und tief verschlossen ruht das Sein.

Sanft wird der Mensch.
Er sieht die Sonne sinken,
Er ahnt des Lebens wie des jahres Schluß.
Feucht wird das Aug'
Doch in der Träne Blinken,
Entströmt des Herzens seligster Erguß.

En automne

Sévère saison que l'automne.
Et lorsque tombent les feuilles,
Le cœur lui aussi sombre dans une morne douleur.
Silencieuse est la plaine.
Et vers le sud s'en vont en silence les chanteurs,
comme au tombeau.

Pâle est le jour,
Et des brumes pâles
enveloppent le soleil et les cœurs.
Précoce est la nuit, car toutes les forces se reposent,
Et, enfouie au plus profond, l'âme repose.

L'homme devient doux.
Il voit le soleil sombrer,
Il pressent la fin de sa vie et de l'année.
L'œil se mouille,
Mais les larmes brillantes
Sont aussi le plus doux épanchement du cœur.

C.D. Friedrich

C.D. Friedrich

Traduction : © Bruno Parmentier, pour Le Madrigal de Lille.

POESIE ROMANTIQUE ALLEMANDE

Les cinq poèmes choisis ici par Brahms ont une thématique très proche.

On y remarquera les thèmes romantiques par excellence : importance de la nature, épanchement des sentiments, les deux étant interdépendants (par ex. l'automne et le soir = fin du jour, fin de la vie) ; solitude et souffrance affective, regret de la jeunesse perdue...

Les poètes ne sont pas des grands maîtres de la poésie, comme Heine ou Eichendorf. Le plus connu d'entre eux est sans doute Rückert.

Friedrich Rückert (1788-1866)

Rueckert

Orientaliste, il enseigne à Erlangen et Berlin et traduit des oeuvres à partir du persan, de l'arabe, de l'hébreu, du chinois.
Poète, auteur entre autres oeuvres des "Kindertotenlieder".

En France, on le connait surtout à travers un musicien comme Mahler, qui a composé des Lieder sur ses poèmes (Kindertotenlieder, Rückert Lieder).

(sources : www.wissen.de - gutemberg.aol.de)

Sur le site du Projet Gutemberg, vous trouverez de nombreux poèmes (en version originale)

BRAHMS ET FRIEDRICH SUR INTERNET

Quelques adresses glanées sur le web (les liens ouvrent une nouvelle fenêtre)

Brahms

Friedrich