Emil COSSETTO (1918-2006), l'héritage

Avec respect.

Emil CossettoLe 29 juin 2006, j’apprends avec une tristesse infinie le décès d’Emil Cossetto. Celui que nous nommions Maestro Cossetto s’est éteint après une longue maladie. Je l’avais revu quelques mois auparavant, immobilisé sur son lit à Zagreb, et lui que l’on m’avait dit fort diminué m’était alors apparu comme un homme plein de vie et de projets, parlant avec une émotion extraordinaire d’un opéra qu’il était en train de composer quand une attaque l’avait laissé à moitié paralysé.
Emil Cossetto était un homme d’une humanité profonde, riche, d’une énergie toujours renouvelée, d’une grande exigence pour lui-même, dans son travail de compositeur, comme dans la direction de choeur. Tous les anciens choristes de Joža Vlahovi? ou de Moša Pijade (les 2 chœurs principaux qu’il a dirigés pendant près de 60 années !) en parlent avec le plus grand respect.

Avec admiration.

Emil Cossetto est d’abord connu dans nos chorales pour quelques-unes des mélodies populaires les plus célèbres qu’il a harmonisées avec tant de talent : Moja Diridika, Letovanic, Tri Jetrve, … et pour la fameuse Rapsodia del Cante Jondo (sur des textes de F.Garcia Lorca) qui fut montée à Vaison et que beaucoup de chœurs – en France, en Belgique, en Espagne notamment, ont reprise depuis plus de 20 ans avec le même succès. Mais nous ne savons pas toujours qu’il était aussi un compositeur de musique pour piano – son instrument, de musique de chambre et de musique symphonique, … Je ne citerai pas ici les très nombreuses récompenses qui lui ont été décernées. Ce serait trop long.
Nous avons eu – depuis ma première rencontre avec lui à Namur en 1978, de longues conversations sur le sens de la pratique amateur, sur le rôle éducatif de la musique, sur le message de paix et de concorde qu’elle doit porter: j’ai une énorme admiration pour son engagement dans une musique accessible, populaire, sans concession. Il a toujours eu comme premier souci de composer et d’interpréter une musique qui parle au cœur de chacun.

Et avec gratitude.

Mes amis choristes de Zagreb, tous ceux qui l’ont connu dans le milieu amateur ou professionnel, moi-même dans ma longue pratique de chef de chœur et de formateur, nous savons tous que nous lui devons énormément. Cette gratitude va à l’homme et au musicien. Emil Cossetto a donné du sens, dans une vie entièrement consacrée à la musique et d’abord à la pratique amateur, à tout ce qui remplit nos vies aussi : le bonheur de chanter. Il a formé, avec rigueur et avec respect, des générations de musiciens.
La meilleure façon de lui rendre hommage est de continuer à chanter sa musique, à la diffuser, mais aussi à alimenter notre travail avec tout ce que Emil Cossetto nous a appris. Cet héritage est considérable.

Michel Pirson, Lille, été 2006.

5 réflexions au sujet de « Emil COSSETTO (1918-2006), l'héritage »

  1. Chanson, Csárdás, Variations sur un thème de Croatie Nord. Ces trois pièces interprétées par Tünde Handú (piano) et Yves Sévère (clarinet) sont fantastiquement belles.

  2. J’ai eu le plaisir et l’honneur de chanter le « memento » de la Rapsodia del Cante Jondo avec le choeur et orchestre Inter-Lycées de Besançon, sous la direction de Jean MISLIN, en 1993
    Cette oeuvre m’a lsissé un souvenir ému et très fort.
    Je fais chanter actuellement le poème « Aimer » de Nicole Curé sur une musique de Cossetto par le choeur de femmes « Sopralti » de Mamirolle (25)
    Beaucoup d’admiration pour ce compositeur

    J.Pierre Drouhard

  3. Je souhaite monter le Cante Jondo à Quito(Equateur) où je réside depuis 2 ans, avec l’Alliance Française, après l’avoir monté en Languedoc entre 2004 et 2006. Mais je n’ai jamais pu avoir accès au conducteur, pour voix et orchestre, dont « A Coeur Joie » m’a dit qu’il avait péri dans les inondations de Vaison ! nous avons chanté à partir d’une adaptation pour choeur et piano du livret choral manuscrit qu’une de mes choristes avait gardé ! Je crois comprendre qu’il existe pourtant : si oui, où et comment se le procurer ?
    D’avance, merci beaucoup de vos conseils éclairés!
    Musicalement vôtre,
    Paquita LE GOULVEN

  4. Toute ma sympathie. Quelle nouvelle!

    J’ai moi-même chanté « Golgatha » d’Emil Cossetto durant la période où j’étais dans les rangs des basses du Choeur des Armaillis de la Gruyère – en Suisse.

  5. Kaj morem ti neg rec,
    od seg ti srca fala….

    na ovim krasnim rijecima Michel!

    Ljubica (Violette)

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